mercredi 16 septembre 2020

Article 45 - Mémoire présentée à la ville de Saint-Augustin-de-Desmaures lors de la séance publique du 22 juillet 2020.

 

Saint-Augustin-de-Desmaures, le 22 juillet 2020

 

Le Greffe

Le Conseil local du patrimoine

200 route de Fossambault

Saint-Augustin-de-Desmaures

G3A 2E3

 

 

Objet :               Citation patrimoniale de la maison du 226 chemin de la Butte

                          Transmission du mémoire présenté par les propriétaires

 

 

À qui de droit,

Vous trouverez ci-attaché notre mémoire s'opposant à la citation patrimoniale de notre maison. Étant donné les conséquences de cette citation et afin d'élaborer notre document, nous avons consulté une avocate.

Vous savez, cette maison nous l'avons littéralement sauvée d'une destruction certaine lorsque nous en sommes devenus propriétaires en 1981. Par nos travaux incessants depuis les 39 dernières années, nous l'avons progressivement rénovée pour l'amener à son état d'aujourd'hui. Elle est à notre goût, strictement à notre goût.

Votre intention de la citer pourrait, à la limite, être presque flatteuse si votre intervention n'était pas si outrageusement insultante.

Nous vous saluons.

  

Ginette Chamberland

Normand Toussaint

226 chemin de la Butte

Saint-Augustin-de-Desmaures, Qc

G3A 1W7

 


 

Conseil local du patrimoine

Municipalité de Saint-Augustin-de-Desmaures

 

 

 

Consultation publique sur la citation patrimoniale

de la maison située au 226 chemin de la Butte

à Saint-Augustin-de-Desmaures

 

  

Mémoire présentée par les propriétaires

Ginette Chamberland et Normand Toussaint

 

22 juillet 2020



Mémoire des propriétaires dans le cadre de la consultation publique sur la citation de la maison située au 226 chemin de la Butte à Saint-Augustin

 

Membres du Conseil local du patrimoine,

Nous avons acquis la propriété située au 226 chemin de la Butte en 1981. Elle est en zone agricole au sens de la loi sur la protection des territoires agricoles du Québec. Depuis 39 ans, nous avons eu le souci de rénover la maison qui était au départ en bien mauvais état, n’avait aucun cachet patrimonial et n’était d’aucun intérêt public pour la collectivité de Saint-Augustin-de-Desmaures.


 

Depuis 39 ans, aucune de nos actions n’a menacé le patrimoine de Saint-Augustin. Au contraire, en rénovant notre maison, nous avons démontré notre intérêt pour l’architecture traditionnelle.

Imaginez notre étonnement lorsque le 18 juin 2020 un huissier nous délivre un avis officiel qui nous informe que la municipalité avait entrepris un processus réglementaire pour nous contraindre dans l’avenir. Si ce règlement est adopté, nous ne bénéficierons plus, comme tous les autres citoyens, de la pleine jouissance libre et paisible de notre propriété privée.

Comme la plupart des membres du Conseil, nous sommes conscients que le Québec a un riche patrimoine. Nous sommes conscients que certains immeubles méritent de recevoir un statut particulier. Mais la question est : Est-ce que notre maison mérite ce statut et surtout, pourquoi maintenant, après 39 ans, nous imposer des règles d’urbanisme supplémentaires?

Merci de nous donner l’opportunité de vous présenter nos commentaires et d’apporter des nouvelles informations qui vous permettront, nous l'espérons, de questionner la pertinence de citer notre maison actuellement. Nous vous rappelons que nous n'avons jamais été invités à collaborer à cette démarche de reconnaissance de notre maison comme un bien patrimonial d’intérêt public, ni à l’étape des inventaires, ni à celle de la recherche ou même de la sensibilisation.

 

1. Les faits

1.1 Travaux d’agrandissement de l’annexe.

Dans la continuité des travaux entrepris depuis 1981, nous avons entamé ce printemps quelques travaux mineurs sur l’annexe qui ne nécessitaient pas de permis de construction. Après avoir pris connaissance de l’état de la structure, nous avons décidé de changer nos plans et de procéder à une rénovation plus importante.

Nous déposons donc une demande de permis de construction le 25 mai 2020.  Notre demande de permis est substantiellement complète et conforme à la réglementation en vigueur. Un plan est joint. Nous recevons la visite du personnel de la municipalité qui nous confirme que le tout est conforme. Ils ajoutent qu’ils nous fourniront quelques conseils et nous font quelques suggestions mineures.

Le 18 juin, nous recevons l’avis spécial en vertu de l’article 129 de la Loi sur le patrimoine culturel qui nous informe de l’intention de la municipalité de procéder à la citation patrimoniale de notre maison familiale.

Le 25 juin, monsieur Després nous envoie une demande de la part du service d’urbanisme concernant notre agrandissement. Cette demande va bien au-delà des exigences du règlement d’urbanisme. Nous vous laissons le soin d’en juger :

Le service d'urbanisme nous demande de fournir : un projet d'implantation plus précis et à l'échelle qui illustre le bâtiment existant, l'agrandissement ainsi que les distances projetées entre l'agrandissement et les limites de la propriété; des plans d'architecture et/ou des esquisses architecturales comprenant minimalement les éléments suivants: des élévations en couleur qui montrent la partie existante et l'agrandissement projeté, l'usage de l'agrandissement (vue en plan), les détails au niveau des portes et fenêtres, des chambranles, du revêtement de toiture, du revêtement extérieur, de la fondation et du support utilisé pour les gouttières ainsi que la pente de toit du bâtiment existant et de l'agrandissement.

Vous comprendrez qu’on nous impose dès lors l’application du règlement de citation. Le courriel est clair. Nous pouvons y lire : ''qu’il s’agit de l'avis de 45 jours prévu à l'article 8 du projet de règlement de citation et que ces documents doivent impérativement être fournis à la Ville avant de passer à la prochaine étape, soit l'évaluation de votre projet par le conseil local du patrimoine.''

Bref, on tente de nous imposer ce règlement avant même son entrée en vigueur légal. Vous n’êtes sans doute pas sans savoir que le règlement de citation de notre maison, s’il est adopté, entrera en vigueur au moment de l’émission de l’avis spécial soit le 18 juin. La loi est claire :

4. Le règlement de citation d’un bien patrimonial entre en vigueur:

   à compter de la date de la notification de l’avis spécial aux propriétaires de l’immeuble patrimonial cité ou aux propriétaires des immeubles situés dans le site patrimonial cité.

Cependant, ce gel ne s’applique pas aux demandes de permis qui ont été déposé avant. Nous vous rappelons que notre demande de permis a été déposée le 25 mai.

La concomitance entre notre demande de rénovation et l’avis de citation de notre maison n’est pas un hasard.

Permettez-nous de constater que c’est une mauvaise réponse à notre demande de permis.

 

1.2 Valeur patrimoniale 

1.2.1 Les éléments

Les éléments qui contribuent à évaluer la valeur patrimoniale d’une maison sont :

-         le style d'architecture,

-   -ses composantes architecturales et ornementales (volumétrie, toit, lucarne, fenêtre, revêtement, matériaux, couleur, usage, annexes),

-         - son authenticité,

-         - son état de conservation,

-         - son histoire,

-        -  son implantation dans le paysage,

-         - son environnement physique.

 

1.2.2 La maison du 226 chemin de la Butte

En 1981, après avoir fait l'achat de notre propriété, nous avons contacté le ministère de la culture chargé de l'évaluation patrimoniale des maisons afin qu'un expert vienne visiter la nôtre et statue sur sa possibilité de classement ou autre. Un expert est effectivement venu nous rencontrer, a examiné la maison, s'est forgé une opinion qu’il nous a livré verbalement. La maison était ''bien belle'' mais dans un état près de la perdition. Aucun intérêt et aucune possibilité de lui accorder une valeur patrimoniale justifiant un statut.

En 1984, un premier inventaire décrit les éléments architecturaux de la maison et lui attribue une valeur patrimoniale très bonne, mais non exceptionnelle, du type franco-québécois du 19e siècle.

En 2017, un deuxième inventaire décrit la même maison, mais cette fois en considérant les travaux que nous avons effectué au cours des ans. La maison est qualifiée d’inspiration française. On lui attribue une valeur patrimoniale exceptionnelle. Mais sur quelle base, pour quels motifs, selon quels critères? L’analyse ne semble pas reposer sur une démarche ethnologique complète. Comment expliquer qu’elle est passé d’un type franco-québécois à un style du régime français?

De plus, il appert qu’aucun personnage historique ou événement marquant ou emblématique de l’histoire de Saint-Augustin ne se rattache à la maison.

Le site ne présente aucune valeur archéologique, ni ethnologique ou technologique.

Les composantes architecturales observés sont clairement issues des travaux de rénovation effectués par les propriétaires depuis 39 ans. Toute la coquille extérieure de la maison de 1981 a été modifiée et agrandie. Tous les matériaux extérieurs de la maison de 1981 et, à plus forte raison, de 1832 ne sont pas d'origine et ont tous été remplacés.

Si l’inventaire de 2017, sur lequel repose les motifs de citation, conclue à une quelconque valeur, elle est le résultat des efforts manuels et financiers des propriétaires actuels.

Permettez-nous de constater que c’est nous qui avons contribué à l’amélioration de son apparence.

 

2. La loi

2.1 Loi du patrimoine culturel

Le principe de cette loi, relativement récente dans sa forme actuelle, est de permettre aux municipalités de reconnaître les éléments patrimoniaux d’intérêt public significatif sur leur territoire local, d'en assurer la protection, de les mettre en valeur et de sensibiliser la population.

''Favoriser la connaissance, la protection, la mise en valeur et la transmission du patrimoine culturel reflet de l’identité de la collectivité dans une perspective d’intérêt public et de développement durable.''

Le processus d’attribution d’un statut en vertu de la loi sur le patrimoine culturel doit s’inscrire dans une démarche où la municipalité élabore une stratégie visant la conservation et la mise en valeur de son patrimoine.

Avant d’attribuer un statut à une maison en particulier, la municipalité n’a-t-elle pas un devoir de transparence, de collaboration avec les propriétaires?

Chose certaine, la municipalité doit prendre les moyens pour assurer un suivi, prendre les mesures pour sensibiliser les citoyens, et les propriétaires en premier lieu, voire mettre en place un soutien financier.

  

2.2 Règlement municipal

La procédure suivie par la municipalité semble conforme. Mais reflète-t-elle l’esprit de la loi?

Il y a un manque d’information. Une attitude cavalière envers les propriétaires en faisant signifier l’intention de procéder à la citation patrimoniale de la maison en envoyant un huissier.

Les principes derrière le pouvoir réglementaire accordé à la municipalité n’est certes pas une attitude rigide qui édicte des décisions draconiennes en soulevant l’opposition et les réactions négatives des citoyens. Au contraire, la loi vise la sensibilisation, l’information, la connaissance, le développement d’un sentiment d’appartenance.

Par ailleurs, l’application de ce règlement repose sur des critères subjectifs contrairement à la plupart des règlements d’urbanisme. Pour ce faire, la municipalité doit démontrer sa capacité à sensibiliser et à conseiller les propriétaires tant sur les éléments architecturaux, que sur le choix des matières acceptables, sur l’entretien, sur l’élaboration d’un projet. Les documents présentés et les gestes posés dans ce dossier illustrent une faille en ce sens.

Ce pouvoir réglementaire limite la liberté de la propriété privée au nom de l‘intérêt collectif. Il doit être usé de façon diligente.

Nous nous questionnons néanmoins à savoir si tous les critères de la loi sont rencontrés et suffisants, c’est-à-dire : est-ce que l’immeuble a une réelle valeur patrimoniale significative et d’intérêt public et est-ce que la maison est située dans une zone à protéger?

Espérons que l’intention de la municipalité n‘est pas de nous imposer de façon détournée une forme de spot zoning.

 

 

3. Commentaires

3.1 Authenticité et type architectural

Il appert que la maison tel que vous la voyez, n’est pas authentique. C’est le fruit de nos 39 ans de travaux de rénovation. Nous allons réutiliser les mots de l’expert en évaluation du patrimoine en 1981 : Elle est belle, mais elle n’est pas authentique et bien près de la perdition.

De plus, elle n’est pas un exemple du régime français. C’est une maison qui date du régime anglais et qui témoigne d’un style franco-québécois, comme le qualifie l’inventaire de 1984. Comme il y a ailleurs sur le territoire de la municipalité.

Ce n’est sûrement pas non plus un des rares modèles du régime français à Saint-Augustin ou l’une des plus vieilles. Rappelons que Saint-Augustin a été colonisé à partir de 1647 et la maison date de 1832.

 

3.2 Implantation et Paysage

La maison ne fait pas partie du paysage patrimoniale de Saint-Augustin pour la simple et bonne raison qu’elle n’est pas visible de la route.

Comme elle est entourée de constructions modernes hétéroclites, on ne peut lui attribuer une valeur extrinsèque élevée.

Il est difficile de comprendre comment sa localisation sur une ''butte'' pourrait lui valoir une valeur exceptionnelle. Tout comme le fait qu’elle serait située sur une partie du domaine des pauvres, domaine qui s’étendrait du nord de l’autoroute 40 jusqu’au fleuve.

Ainsi, notre maison ne favorise pas la qualité visuelle du patrimoine architecturale de Saint-Augustin.

 

3.3 Intérêt public et sentiment d’appartenance

Le document de présentation ne fait état d’aucun contexte particulier significatif pour la collectivité de Saint-Augustin qui justifie de restreindre les droits de propriété au nom de l’intérêt public.

Aucune référence bibliographique ou iconographique ne témoigne de l’importance de cet immeuble pour la collectivité.

Au contraire, le guide de la municipalité ''Le patrimoine bâti résidentiel,'' publié en 2018, ne fait aucune référence à notre maison. En effet, il n’y a aucune mention de l’authenticité de la maison dans le texte. Aucune photo d’ensemble de la construction ou de l’une de ses composantes architecturales n'illustrent le document. La maison n’est pas citée en exemple et, partant, pas potentiellement candidate à l’obtention d’un statut de protection et de mise en valeur patrimoniale.

 

 

Recommandations

Nous estimons que le règlement de la citation de la maison du 226 chemin de la Butte est prématuré. Il n’y a pas d’urgence. Il n’y a pas menace d’altération de la maison. Nous avons démontré depuis 39 ans notre capacité à mettre en valeur l’architecture traditionnelle. Pour votre information, nous avons déjà été membres de l'Association des Propriétaires de Maison Anciennes du Québec.

Les motifs qui concluent à son adoption sont mal fondés. Le règlement s’appuie sur un inventaire incomplet, voire erroné. Aussi, même le guide sur le patrimoine bâti résidentiel de Saint-Augustin l’ignore. Ce document de sensibilisation au patrimoine local aurait dû reconnaître son potentiel si c’était le cas. Alors, nous réitérons que la démarche de citation du patrimoine n’est pas justifiable. Les conditions ne sont pas remplies.

De plus, il ne s’inscrit pas, comme il devrait, dans une démarche globale de sensibilisation de la population à son patrimoine. Aucune stratégie de préservation et de mise en valeur n’a impliqué et sensibilisé les propriétaires actuels. Les conséquences de la citation pour les propriétaires ne sont pas énoncées, outre les pénalités du non-respect de la réglementation, qui s’appuiera sur l’application d’objectifs subjectifs discrétionnaires, voire arbitraires. Mais qu’en sera-t-il de la valeur de la propriété à sa revente ? Quelles seront les conséquences financières associées aux conditions d’attribution des permis ?

La démarche semble viser un objectif occulte soit de nous empêcher, nous les propriétaires, de faire les travaux à notre propriété privée auxquels nous avons droit en fonction de la réglementation d’urbanisme en vigueur.

Nous nous opposons aussi à l'inclusion du lot 2 814 313 dans le projet de citation. En quoi ce terrain serait-il patrimonial ?

Merci de votre diligence.

 

 

Ginette Chamberland

Normand Toussaint




mardi 18 août 2020

Pas vraiment un projet mais disons article 44: Historique de la maison du 226 chemin de la Butte depuis son acquisition en mai 1981



Nous avons reçu le 18 juin 2020, de la part de la ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, par huissier, un avis spécial nous informant qu'elle a déposé à la séance du conseil municipal du 16 juin, un avis de motion visant à la citation patrimoniale de la maison située au 226 chemin de la Butte, chez nous. 

Nous nous opposons vivement à cette manœuvre. 


Historique 

D'abord, un peu d'histoire. 

Nous sommes résidents de SAdD (Saint-Augustin-de-Desmaures) depuis le 1er mai 1981, soit 39 ans. 

Nous avons acquis cette propriété en zone agricole, désertée depuis peu par le précédent propriétaire. Les photos suivantes, prises en janvier 1981, montrent l'apparence extérieure de la maison de cette propriété. 






Ça frappe hein ! Le lecteur peut admirer à loisir son état d'alors. 

Notre visite du bâtiment à l'automne 1980 nous avait permis de constater qu'on voyait le jour à travers le toit de l'intérieur de l'étage dans la partie grenier. Les planches du toit suintaient. L'étage comportait 4 pièces en plus de la partie grenier dont une salle de bain vis-à-vis la lucarne anachronique près du bâtiment annexé en place. L'étage seulement bon à la démolition. Humidité partout. Le plancher ployait et vibrait sous notre propre poids. Une porte permettait d'accéder à l'étage supérieure du bâtiment annexe. 

Seul le rez-de-chaussée pouvait être considéré comme ''habitable'' mais il faut aimer le camping et dormir dans le salon. Aucune isolation thermique. 

Un puits d'eau, non utilisé et à surface libre, est présent au sous-sol. Ce sous-sol est plutôt un vide sanitaire. Le puits déborde au gré des fluctuations de la nappe phréatique et l'inonde régulièrement en entier, mais généralement pas de plus d'un pied (1'). L'escalier est rongé jusqu'à cette hauteur. Des champignons noirs d'humidité recouvrent le plafond et la presque totalité des murs. Il n'y a pas de plancher de sous-sol en tant que tel : c'est la roche mère constituée d'un schiste friable. L'odeur des moisissures est nettement présente. 

L'approvisionnement en eau se fait à partir d'une pompe, submergée à chaque fois que la nappe phréatique remonte, qui tire son eau d'un puits foré à 15' au nord de la maison. Ce puits (6'' de diamètre) d'environ 60' de profondeur pouvait suffire pour deux douches et une brassée de lavage. Après, il fallait attendre au lendemain. Les effluents septiques se déversent, quant à eux, dans un trou à 35' au sud du bâtiment annexe et s'infiltrent dans le sol à cet endroit. 

Le bâtiment annexe ou cuisine d'été à 2 étages présente un toit mansardé qui dépasse le toit de la maison principal. C'est une horreur architecturale. Elle est sans fondation. On peut accéder au 2e étage, ''habitable'', par un escalier extérieur donnant sur un ''tambour'' en porte-à-faux et aussi par une porte percée dans le mur de la maison au niveau de l'étage. Une espèce de garage est attenant à l'arrière et supporte le réservoir d'huile à chauffage pour le poêle de l'annexe. Absolument irrécupérable. Des odeurs de pourriture et d'humidité omniprésentes. 

Le précédent propriétaire nous a informé que lorsqu'il a acheté, le père, la mère et leur fille habitait le rez-de-chaussée de la maison; leur fille avait sa chambre à l'étage à laquelle elle accédait via un escalier interne; leur fils habitait à l'étage de l'annexe avec ses 5 enfants qui avaient accès à des chambres à l'étage de la maison. Voilà pour la petite histoire. 

Nous y avons donc emménagé le 1er mai 1981 avec notre petite fille de 2 ans. Une autre petite fille nous a rejoint en janvier 1982. Nous étions jeunes, 30 ans, ''beaux'', péquistes et séparatistes et c'était à cet endroit, sur ce magnifique terrain, que notre famille s'épanouirait. Notre projet de vie quoi. 

Petite note : Mon père, qui était menuisier, charpentier, ébéniste, lui, mesurait parfaitement dans quoi on s'embarquait. Il avait l'âge que j'ai aujourd'hui. Il n'était pas d'accord et ne m'a pas adressé la parole pendant 1 mois. Pour lui, après l'avoir visité, cette masure était vouée à une démolition pure et simple. Il a bien insisté sur le fait qu'une pelle mécanique pouvait nettoyer la place et que c'était un bien bel endroit pour une maison neuve et qui pouvait aussi être à notre goût. Mais, pour nous, c'était les $$$ qui menaient et une maison neuve n'était financièrement pas possible aussitôt après avoir acheté la propriété. 



Les travaux 

Donc, on commence par quoi. 

Avant tous travaux, nous nous sommes interrogés à l'époque à savoir si la maison principale pouvait être classée comme bien patrimonial vu son âge. Nous avions alors contacté le ministère compétent du temps et un expert est venu visiter la cabane. Il l'a trouvé ''bien belle'' mais très près de la perdition. C'était une simple maison de ferme, qui aurait été construite en 1832, peut-être avant, mais sans qu'il n'y ait aucune possibilité de le savoir de façon certaine. Mais à part ce fait, elle n'avait aucun intérêt pour le ministère; ce n'était pas une maison rare ou présentant une caractéristique particulière et remarquable. Aucun fait historique ne s'y rattachait. Aucun notable ou personnage marquant ne l'avait habitée. Des maisons semblables, il y en avait plusieurs exemplaires à SAdD et en bien meilleur état, dont un voisin tout près. Donc aucune possibilité d'un classement quelconque éventuel. Bravo, c'est ce que nous voulions entendre : une maison sans contrainte. 

Nous ne voulions pas faire une ''restauration historique'' de la cabane, pas du tout, mais plutôt en faire tout simplement une maison qu'on aime regarder, une maison à notre goût, où on se sent bien, bref chez nous. 

Notre premier plan était de crépir les murs extérieurs et de couvrir le toit de tôle rouge. Nos cœurs palpitaient. Nous avons déchanté en recevant les soumissions. Trop de $$$. 

On peut tranquillement amener la maison vers ce qu'on aime mais un projet à la fois. Ce sont les $$$ qui contrôlent. Dois-je spécifier que nous ne sommes pas riches ; nous avons de bons emplois mais pas de fortune familiale. Les fonds proviendront de notre salaire régulier au fur et à mesure du temps. Pour information, mon épouse est physiothérapeute et a terminé sa carrière employée d'un CHSLD. Personnellement, je suis ingénieur civil, détenteur d'une maîtrise en hydraulique et en mécanique des glaces, spécialisé en hydraulique des rivières. 

La première année, 1981, j'ai passé 6 semaines sur le toit de la maison avec mon père (qui avait décidé finalement de nous aider). Nous avons refait le toit en bardeaux de cèdres en faisant disparaître les larmiers (complètement pourris), rebâti complètement le joint toit-murs verticaux affaissé, remplacé de nombreuses planches de toit (autour de 20%), éliminé la quatrième lucarne anachronique près de l'annexe, remplacé tout le toit dans cette zone et refait la cheminée extérieure qui n'était qu'un tas de briques sans mortier. 

Pendant la saison 1982, toujours avec mon père, nous avons excavé le sol sur le pourtour accessible de la maison. Un drain de fondation (qui était inexistant) a été installé. Nous avons remplacé la partie supérieure de la fondation avec mortier et béton (la fondation originale était jointe avec du mortier d'époque à la chaux, complètement disparu après plus de 150 ans; la fondation était disloquée et s'effondrait sur les 3 premiers pieds). Nous l'avons ensuite isolée avec de l'uréthane giclée. Cette zone est maintenant neuve et solide. 

Pendant les saisons de construction suivantes, nous avons isolé les murs par l'extérieur, refait le revêtement extérieur des murs en planches verticales de pin, modifié (lire agrandir) par la suite les cadres des fenêtres du rez-de-chaussée pour tenir compte de la surépaisseur des murs, changé les fenêtres de l'étage (trop petites à la suite de la disparition des larmiers) et j'en passe. 

À l'intérieur, nous avons démolit l'étage au complet, solidifié le plancher, isolé le toit et aménagé des chambres. Cette année-là, vers 1984, nos filles ont eu leur propre chambre à l'étage. Et nous aussi. Elles ont eu des portes à leur chambre l'année suivante. 

Est venu ensuite vers 1985 la démolition complète de l'annexe (cuisine d'été) et son remplacement par un appentis, comportant un tambour et une zone d'entreposage pour le bois de chauffage (permis SAdD1985-00342). 

La photo suivante, datant de juillet 1986, 5 ans après l'achat, permet de constater l'état de la maison d'alors. La finition de l'appentis ne sera pas installée cette année, les fenêtres de la maison n'ont pas encore été modifiées pour tenir compte de la surépaisseur des murs à la suite de leur isolation, les fenêtres de l'étage sont en place. La maison commence vraiment à être à notre goût mais il y a encore beaucoup à faire. Nous nous étions donnés 5 ans pour l'amener à notre goût mais ça va bientôt faire 40 ans et on travaille encore dessus. 



Juillet 1986 

Les années passent et les projets annuels de construction se succèdent. À l'intérieur, nouvelle cuisine, nouvelle salle de bain au rez-de-chaussée, nouveau plancher, nouvelle porte principale, nouvel escalier pour accéder à l'étage (refait 2 fois), décapage du plafond de la cuisine et remplacement des moulures, plâtrage des murs, réfection des fissures de la cheminée... ma mémoire flanche quant à l'énumération des projets réalisés. 

Je veux faire ressortir ici que tous les travaux ont été réalisés par nous deux exclusivement. Aucune personne engagée ou firme extérieure n'ont été mandaté. Sauf pour l'installation d'une fosse septique performante (en 1985) et pour le creusage de notre nouveau puits (vers 1999). 

Pendant cette période de 39 ans, nous avons aussi construit un bâtiment, séparé de la maison principale, et qui sert de garage et d'atelier pour le papa-bricoleur que je suis. Ce bâtiment est vraiment le bâtiment exceptionnel du site. J'ai rêvé d'un tel atelier toute ma vie et je suis absolument privilégié d'en bénéficier. Je lui ai consacré plusieurs années pendant lesquelles j'ai un peu abandonné et/ou négligé la maison. Il pourrait faire l'objet d'un reportage spécifique; il a sa propre histoire… Parlons-en un peu brièvement. 

C'est un bâtiment moderne. Le corps principal date de 1985-86; il a été agrandi en 1998-99. Le toit est recouvert de bardeaux de cèdre; les murs de planches horizontales. Nous avons choisi un revêtement extérieur tout en bois qui fait ainsi écho à la maison principale. Il y a 13 grandes fenêtres et 3 portes vitrées. C'est presque un aquarium. À l'intérieur, lorsque j'y travaille, je n'ai qu'à lever la tête pour rejoindre l'environnement magnifique qui m'entoure. Le paradis, quoi ! 

Les photos suivantes le montrent récemment: 






Avec les années, la maison vieillit et il faut souvent refaire ce qui a déjà été fait. Par exemple, le revêtement extérieur, datant d'environ 1984, a été refait au complet vers 2000. À nouveau aujourd'hui, il présente des signes de vieillissement. En 2016, le recouvrement du toit a 35 ans, son esthétisme laisse à désirer et il a besoin d'être remplacé. Alors de mai à octobre cette année-là, les nouveaux bardeaux de cèdre sont installés, la cheminée extérieure refaite, de nouvelles gouttières aussi (les premières sur le bâtiment depuis son acquisition), de nouvelles moulures aux fenêtres (différentes des précédentes) et une peinture générale du revêtement extérieur. À l'automne 2016, elle est absolument magnifique et extraordinairement à notre goût. 

Les 2 photos suivantes en montre l'état à cette date: 






Elle est belle, n'est-ce pas !
Pour plus de détails, voir projet 35 dans ''articles plus anciens'' plus bas.

En 2018, catastrophe. La ville de SAdD impose la construction d'un système d'aqueduc et d'égout sur le chemin de la Butte. Nous sommes indépendants de ce côté. Nous avons un puits performant ainsi qu'un champ d'épuration conforme, certifié par la ville. Le système d'aqueduc et d'égout sera utile à nos voisins mais à nous, nullement. 

Alors à l'été 2019, nous nous sommes résolus à nous relier à ce nouveau système. Nous avons été, pendant quelques semaines, les ''heureux'' propriétaires d'une tranchée de 7' de profondeur par 300' de longueur entre la maison et la rue. Seule l'excavation a été faite par un entrepreneur. Le tout a été dument inspecté par la ville et déclaré conforme. Le terrassement de surface reste encore à compléter à ce jour. Cette année-là, les taxes municipales doublent et pour les 20 prochaines années. Jusqu'à notre mort quoi. Ça m'a fait penser à la citation attribuée à Benjamin Franklin, père de la confédération américaine, qui a affirmé qu'il n'y avait que 2 choses de certaines dans la vie : la mort et les taxes. 



La cuisine d'été 

Depuis plus de 15 ans, ma blonde, chaque année, me fait part d'un de ses rêves qui est de construire une cuisine d'été attenante à la maison, comme il en existait une lors de notre achat en 1981. Elle ne rêve pas à moitié : elle voit quelque chose comme 24' x 24' avec sous-sol et 2e étage habitable, salle de bain, cuisine et tout le tralala. Elle avait une idée de maison bigénérationnelle. Rien de moins. Tadam. 

Je suis un peu réfractaire... les enfants ont quitté la maison et nous sommes 2 dans une cabane de 44' x 28', 2 étages. Voilà. Mais ''Normand'', dit-elle, ''la maison est un trou noir, on ne voit pas dehors, y a pas de lumière''… ''Toi, tu as ta shop !'' 

L'appentis construit avec des matériaux récupérés de l'ancienne annexe vieillit mal. Des odeurs de putréfaction pénètrent dans la maison l'été. Ça gèle l'hiver. L'isolation est déficiente. La partie ''tambour'' est correcte sans plus (qualificatif généreux) mais la partie ''zone d'entreposage pour bois de chauffage'' ne sert plus. Je ne vais pas sur le toit de peur de passer au travers. Il est temps de s'en occuper. Mais on ne s'entend pas sur le nouveau design et depuis longtemps. 

La photo suivante montre l'appentis à la fin de l'hiver 2020 avant toute rénovation. 



À la fin de l'hiver 2020 avant toute rénovation 

À l'automne 2019, après moult conversations, on s'entend finalement entre nous sur une rénovation de l'appentis actuel qui consiste à consolider les fondations, remplacer les portes et le revêtement extérieur, refaire le toit en bardeaux de cèdre. Nous y installerons aussi du chauffage. On en profitera aussi pour remplacer les bardeaux du mur est de la maison qui datent de 1981. 

Je m'informe sur le site web de la ville si un permis est requis. Les travaux projetés sont analogues au remplacement de bardeaux sur un toit et un permis n'est pas requis. Il est donc projeté d'entreprendre les travaux au printemps 2020. 

Tôt en mai, nous démolissons l'intérieur de l'appentis sans encore toucher à l'extérieur. On découvre une pourriture généralisée dû à l'infiltration d'eau. Des nids de mulots partout. Le toit infesté de fourmis charpentières. Voilà finalement l'explication à l'invasion de fourmis observée dans la maison depuis 1 an ou 2. La structure est irrécupérable. Zut. On la démolit en urgence afin de se débarrasser de la faune qui l'habite et de protéger notre maison toute en bois. Tout ça à l'écocentre. 

Et là, Ginette remet sur la table son rêve de cuisine d'été mais elle a alors mis beaucoup d'eau dans son vin : plus de sous-sol, plus de 2e étage habitable, plus petit que rêvée mais une pièce fenestrée, claire, joyeuse. Elle rêve d'une serre depuis longtemps pour y faire pousser des légumes frais (parfait en temps de covid !). Elle qui a le pouce vert. On s'arrête donc et on discute. Inutile de rappeler qu'elle est propriétaire à 50% : elle a du poids. Pis ça va faire bientôt 50 ans qu'on est ensemble et j'ai bien le goût de faire plaisir à ma blonde, mon équipière. On s'installe alors dans la partie ouest de l'atelier qui fait extérieurement 20' x 16' avec ses 6 fenêtres et ses 2 portes vitrées, juste pour voir et là, elle se met à sourire. On fait finalement un compromis de dimensions extérieures à 20' x 18' et on décide d'y aller. Changement du projet du tout au tout. 

Comme il s'agit maintenant d'un agrandissement, un permis municipal est requis. Je fais rapidement les plans de base et je demande un permis le 25 mai. Nous n'avons aucune contrainte de marges latérales ou d'orientation des fenêtres en raison de la grandeur du terrain. Le revêtement projeté est semblable à celui de la maison; le toit en bardeaux de cèdre et d'une pente identique à celle de la cabane; même type de gouttières; même mouluration aux fenêtres. La fenestration sera abondante et fera écho à celle de l'atelier. L'ensemble cuisine d'été-serre-maison sera harmonieux. La serre sera, en quelque sorte, un trait-d'union entre la maison et l'atelier. Le tout va être magnifique et bien à notre goût. Ginette, la ''maman-pouce vert'' va finalement avoir son ''atelier'' comme son ''papa-bricoleur'' a le sien. 

Dans ma tête, l'obtention d'un permis n'est qu'une formalité et il arrivera sous peu. Ce sera un projet comme tous les autres : nous le ferons d'un bout à l'autre nous-mêmes, Comme je suis le seul menuisier et que je veux fermer avant l'hiver, il n'y a pas de temps à perdre. Le projet est bien plus long à réaliser que la simple rénovation de l'appentis. Je fonce. 

La photo ci-dessous a été prise quelques jours après notre changement de projet. 


Quelques jours après notre nouvelle décision 

Pour déterminer le type de fondation à construire, j'excave le sol au droit de la zone de travail. J'avais le choix entre une dalle flottante, une dalle sur pieux vissés ou encore une fondation dite classique avec semelle et muret. La profondeur du roc (schiste) me permet de choisir la moins coûteuse, soit la fondation avec semelle et muret. 

Quelques jours après avoir déposé ma demande de permis à la municipalité, je reçois un appel du chargé de dossier au service d'urbanisme qui me demande de venir visiter le site accompagné de son patron. Fort bien. Sur place, je leur fais la description de l'annexe projeté et je comprends que les dimensions sont acceptables de même que le revêtement extérieur. Un seul bémol : le type de fenêtre et de porte projeté semblerait ne pas convenir. Je suis surpris que ce détail les tracasse. Ils vont me recontacter pour en discuter plus avant et/ou me faire des suggestions. Fort bien encore une fois. Aucune remarque particulière à la suite de la démolition de l'annexe ni sur l'excavation en cours. Pour moi, le projet ne change pas. Je fonce toujours puisque, tacitement, le projet convient et est acceptable.

État des lieux lors de la visite des employés de la ville
pour l'obtention du permis de construction (2020-06-02)

Le 18 juin au matin, nous recevons de la ville de SAdD, par huissier, un avis spécial qui m'informe que la ville met de l'avant un projet de citation patrimoniale de notre propriété (maison et terrain). 

Sérieux ? Incroyable ? 

Il semble bien que oui. 

J'ai contacté le chargé de projet qui m'informe effectivement de la chose. Le tout se fait sur la base de la loi sur le patrimoine culturel. 

Nous sommes, dans l'ordre, surpris, stupéfaits, consternés, abattus, atterrés. Nous considérons ce geste comme une expropriation déguisée. Les travaux sont arrêtés. L'excavation comblée pour éviter que l'un de mes 4 petits ne se blesse. Nous nous battons. 


État des lieux (2020-06-18)

Nous n'avons jamais voulu depuis 40 ans être propriétaire d'une maison classée de quelque façon que ce soit. Nous avons construit, tout simplement, nous-mêmes, sans apport extérieur, une maison à notre goût sur la base des ''ruines'' de la bâtisse existante en 1981. Et j'insiste sur le ''à notre goût''. Si nous en avions eu les moyens et décidé de démolir la maison en 1981, nous aurions choisi une maison présentant des caractéristiques analogues. C'est un style que nous adorons. Point final. Pour ce qui est de la maison de 1981, visible de l'extérieur, il n'en reste rien à toute fin pratique. 



La loi sur le patrimoine 

J'ai parcouru le ''Guide pratique destiné aux municipalités'' pour l'application de cette loi. 

Il semble que le contexte d'attribution du statut en question se fait par la municipalité sur la base d'un inventaire patrimoniale que celle-ci a fait réaliser en 2017. 

Nous tenons à spécifier que nous n'avons jamais été consulté ou rencontré par qui que ce soit, pour quelque inventaire que ce soit, depuis 1981.[1]

Nous n'avons jamais été rencontré lors de l'inventaire de 2017. Nous nous répétons. 

Nous n'avons jamais été contacté par le comité local du patrimoine ou par la municipalité pour nous informer qu'elle avait ce projet. Aucune possibilité d'en discuter et de les informer de l'évolution de notre maison depuis 1981. Il s'agit d'une décision unilatérale de leur part. 

Nous osons croire que la ville ne serait sûrement pas allée de l'avant à la lumière des informations contenus dans ce document. 

Nous en sommes là pour l'instant. Nous nous battons. 

Texte terminé le 2020-07-08 



Ginette Chamberland 
Normand Toussaint 
226 chemin de la Butte 
Saint-Augustin-de-Desmaures, Québec 



[1] Sauf peut-être par une étudiante en 1984 qui s'intéressait au vide sanitaire de la maison et qui y a pris quelques photos.

mardi 2 juin 2020

Projet 43 - Appentis de la la maison... ou ''cuisine d'été'' (mai 2020 à ???)


Quelques années après avoir acheté notre vieille cabane (en 1981... déjà 39 ans), nous avons remplacé une cuisine d'été dont les dimensions approximatives étaient de plus de 24' x 24', 2 étages, le toit mansardé, dans un état de décrépitude avancé (lire.. une horreur !) par un simple appentis comportant une partie ''tambour'' et une partie ''entreposage de bois de chauffage''.



Photos de la cuisine d'été lors de l'acquisition (1981-01)



Cet appentis, dont les dimensions étaient de 9.5' x 24', était fondé sur pilotis de béton avec le plancher non-isolé à 12''+- du sol. Sa structure a été fabriquée avec des matériaux récupérés de la cuisine d'été en question. Le toit à faible pente a été recouvert de bardeau de cèdre. Lorsque nous avons cessé de chauffer au bois, la partie ''entrepôt'' a servi de débarras. 


Ginette rêve depuis des années de remplacer l'appentis par une véritable ''cuisine d'été'' de bonnes dimensions, avec sous-sol et deuxième étage habitable. Style bigénérationnel. Normand n'est pas d'accord avec un tel agrandissement jugé ''gigantesque''. Les années passent et le projet est toujours au point mort faute d'entente dans le couple. L'appentis en place dont l'entretien a été pas mal suspendu en raison de son remplacement éventuel par ''quelque chose'' commence à en souffrir passablement. La photo suivante d'avril 2020 donne un aperçu de son état... décrépitude avancée, odeurs d'humidité, etc...


 


Apparence du côté nord-est (2020-04-24) 



Après une longue réflexion de part et d'autre (lire... des années !), on s'entend finalement pour remplacer cet appentis par un autre sensiblement identique, mais avec une fondation solide et isolée, de grandes fenêtres, un chauffage adéquat et une porte principale côté cours (nord). Le travail et les dépenses seront ainsi limités puisqu'il s'agit d'une rénovation. Après vérification, un permis municipal n'est pas requis pour cette rénovation. 

L'illustration suivante, tirée d'un modèle 3D, donne un aperçu du projet.



Projet initial - Vue du nord-est



Alors on commence par démolir l'intérieur de la structure en place. Ce qu'on y trouve est abominable : poutres du toit pourries, parties du mur principal disparues, nids de mulots partout, nids de fourmis charpentières partout (ce qui explique les attaques de fourmis qu'on a du repoussées depuis 2 ans dans la maison). Finalement la structure n'est pas récupérable. Zut. On la démolie en urgence afin d'éradiquer toute la faune qui l'habite et ainsi protéger la maison. Mais, à ce moment, le projet ne change pas. On veut toujours l'appentis illustré ci-dessus.



Démolition en cours (2020-05-24)



Ginette est cependant nostalgique de son projet de ''cuisine d'été''. Elle rêve aussi d'une serre. On en rediscute. Elle réduit les dimensions de sa vision, élimine le sous-sol et l'étage habitable. Normand est maintenant moins réfractaire. On échange sur les dimensions du projet. La partie ''ouest'' de l'atelier présente une dimension extérieure de 20' x 16'. On s'y installe à l'intérieur et on tente de visualiser les dimensions d'une ''éventuelle'' cuisine d'été. 


Une dimension de 20' x 18' (extérieure) semble adéquate et Normand est maintenant convaincu qu'il s'agit d'un meilleur projet que l'appentis initial. C'est le temps de faire des plans. Après plusieurs allez retour, on se fixe sur le projet illustré ci-après : 

Vue du sud





Vue du nord-est (côté cours)




Ces esquisses ne sont pas d'une grande qualité mais tout de même suffisante pour la réflexion. Les caractéristiques : de grandes fenêtres côté sud et est dont les proportions largeur/hauteur sont identiques à celle de la maison (thermos triple) et garantissent beaucoup de lumière, une porte ''d'été'' côté est et la porte principale sur le mur nord, toutes les deux vitrées, comme projetées dans le projet d'appentis initial, le toit d'une pente identique à celle de la maison (45.4 degrés), le toit recouvert de bardeaux de cèdre et les murs de planches verticales de pin, mouluration identique à celle de la maison, gouttières identiques à celles de la maison. Le tout en harmonie avec la maison existante. Rien de choquant mais un petit air moderne en raison des ouvertures. On discute encore de la fenestration de la ''serre''. Peut-être deux fenêtres de plus sur le côté nord. 


Comme il ne s'agit plus maintenant d'une rénovation mais plutôt d'un agrandissement, un permis de construction est requis et demandé à la ville le 25 mai. Le chargé des permis (un urbaniste) est venu visiter le site quelques jours plus tard, accompagné du directeur de l'urbanisme de la municipalité. Ils affirment que notre maison est une des huit plus belles anciennes de la ville. S'ils savaient que ce qu'ils ont sous les yeux a bien peu de chose en commun avec la maison de 1981 ou celle de 1832. Bref, je leur fais la description du projet ce qui n'attire aucune remarque particulière sauf peut-être en ce qui a trait au type de fenêtre. Je défends mon point de vue et il est entendu qu'on me recontactera pour me faire des suggestions.


Dans ma tête, l'obtention du permis est une formalité. Le projet est maintenant beaucoup plus important que la simple rénovation de l'appentis et si je veux fermer avant l'hiver, je dois foncer.


 
Les lieux lors de la visite des employés de la ville
à la suite de la demande de permis (2020-06-02)

Note rajoutée le 2020-08-18 : Juste une petite remarque ici : lors de leur visite, les représentants de la ville ont bien constaté la démolition de l'appentis et le creusage en cours. Ils ne m'ont cependant pas intimé l'ordre d'arrêter les travaux en fonction de l'absence de permis de la ville. J'ai considéré le tout comme une acceptation tacite des travaux projetés.


Donc, 3 possibilités pour les fondations : soit classique avec semelle et mur de béton (mur avec forme classique ou thermoforme), soit dalle flottante en béton, soit dalle avec pieux vissés. Il y aura installation d'un drain au pourtour, relié au drainage existant de la maison, pour assurer la stabilité du sol. Après excavation, je constate que le ''roc'' est environ à 5' de profondeur et constitue une base solide pour une fondation classique, soit une semelle de béton surmontée d'un muret. Celui-ci devrait dépasser le sol d'environ 12'' soit sensiblement la même hauteur de fondation que la maison.



Excavation terminée et forme de la base en place (2020-06-05)


La base sud - pas tout à fait au niveau
Remarquer l'astuce pour soutenir la thermopompe


 


Ginette a été ma technicienne d'arpentage pour les très nombreuses mesures de niveau des formes de la base. J'ai été particulièrement téteux quant à l'horizontalité de cette semelle et de sa position dans le prolongement de la maison. Une erreur à cette étape peut être particulièrement douloureuse plus tard.


La base est maintenant coulée (2020-06-08)


Dix-sept poches de 40 kg de ciment Portland ont été nécessaires pour le béton de la base. Brassées au mixeur. Ginette était en charge du placement du béton dans la forme. Nous l'avons flatté ensemble. Belle job.


Formes en place (2020-06-10)


Le mur aura 58'' de hauteur au-dessus de la base. Il sera à peine plus haut que celui de la maison. On coule demain - 4 m3 de béton de 25 MPa avec plastifiant.



La coulée commence (2020-06-11)



La fondation vient juste d'être déformée (2020-06-12)


Ginette est-elle en admiration ou découragée ? C'est trop gros Normand !!! Ben non Ginette, c'est parfait !!!


Vue rapprochée (2020-06-12)


Tous les murs sont parfaitement rectilignes - beau travail de Fondation LG.
Je vais laisser mûrir le béton pendant quelques jours avant de remblayer - faudrait surtout pas le fissurer.
C'est le temps de mesurer le tout et de faire les plans de détails de la construction. 


Un drain de fondation sera installé à la base de la semelle (tuyau de 3'' perforé), recouvert de plus ou moins 10'' de concassé net qui sera recouvert d'une membrane. Un enduit à fondation sera appliqué jusqu'à 2'' sous le niveau du sol projeté. Le tout sera remblayé de granulaire.


Tuyaux perforés en place (2020-06-15)




 
Tuyau recouvert de pierre nette, membrane et remblayé de granulaire (2020-06-16)
 


Et là, la foudre tombe. Nous attendions le permis de construction mais, le 18 juin, nous recevons, de la part de la ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, par huissier, un avis spécial nous informant qu'elle a déposé à la séance du conseil municipal du 16 juin, un avis de motion visant à la citation patrimoniale de la maison située au 226 chemin de la Butte.
Incroyable !

La poursuite des travaux est impossible. Ils sont arrêtés. L'excavation est comblée pour éviter que mes petits ne s'y blessent.

Inutile de dire que nous nous opposons et violemment à cette citation patrimoniale.

Cette citation ne toucherait que l'aspect extérieur de la maison et, à l'extérieur, la maison n'a plus rien de commun avec celle de 1981 ni celle de 1832.

Nous nous battons.

À suivre.


État des lieux (2020-06-18)